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Mad Blog
30 janvier 2012

Géradmer 2012: la petite perle

phpThumbTHE INCIDENT
THRILLER/HORREUR
Réalisation: Alexandre Courtes
Interprètes: Dave Legeno, Rupert Evans, Anna Skellern
Etats-Unis, France, Belgique 2011
85 min - 35 mm

Synopsis: George, Max et Ricky font partie d'un groupe de rock et rêvent de gloire. En attendant, quand ils ne sont pas en concert ou en répétition, ils travaillent dans les cuisines d'un asile psychiatrique où ils n'ont aucun contact direct avec les patients. Mais une nuit, alors qu'une tempête fait rage, le système de sécurité tombe en panne, les portes s'ouvrent et les occupants de l'asile s'échappent. Plus qu'une pensée en tête pour les trois musiciens: survivre.

The Incident a brillé au sein de la programmation vosgienne par la simplicité de son histoire. Un groupe de rock bossant dans les cuisines d'un hôpital psychiatrique se retrouvent bloqués à l'intérieur de l'asile avec les plus dangereux criminels par une nuit orageuse ayant provoqué une panne électrique. Simple et efficace, ce film aborde un genre finalement peu exploité, celui du film de prison, même si ici c'est un asile, on retrouve l'ambiance du milieu carcéral: anxiogène, inquiétant, glauque, qui rendrait n'importe qui sujet à la claustrophobie. En choisissant de suivre un personnage charismatique, le héros est parfaitement incarné par Rupert Evans, le réalisateur français exerce un excellent choix de casting car c'est principalement sur lui que repose toute l'histoire même s'il construit un univers où évolue des personnages construits, intéressants parfaitement exploités par le film. Très rapidement, le film part en vrille. Après une phase découverte des personnages et du lieu, la panne survint pendant la sieste du héros qui est réveillé par ses potes paniqués. La caméra se déplace avec eux et on redécouvre les lieux mais dans une toute autre ambiance. La lumière parfaite du début à la fin, blanche écrasante presque hospitalière au début, bascule dans l'obscurité glaçante et effrayante où derrière chaque recoin d'ombre peut se cacher un fou. Tout l'intérêt de placer l'action dans un asile psychiatrique est l'exploitation des différentes facette de la folie et de l'univers psychiatrique. Dans ce milieu, la moindre erreur de jugement peut être fatale. Et lorsque les lumières s'éteigne, on découvre avec le héros la cantine déjà peu rassurante au début, plongée dans le noir, avec ces silhouettes immobiles qui nous fixe.

L'intelligence du film, à la fois de la mise en scène et du scénario, repose sur le fait que la tension mise en place dès le début entre le héros et un des pensionnaires va définir une ligne rouge que nous suivrons du début à la fin, et cependant cela n'est qu'un point de détail, une obsession qui va habité de plus en plus le héros qui cède comme ses camarades à la pression. L'angoisse monte au fur et à mesure, grâce à un découpage intelligent et une construction narrative qui laisse le temps à l'anxiété de s'installer. La deuxième partie du film, au début de la panne est assez lente, la plupart du temps les cadres sont vide ou presque, le silence règne, inquiétant naturellement, les héros restent groupés ou presque, si bien qu'on cherche partout autour de nous les raisons de s'inquiéter. On a tout le temps pour que notre imagination se mette à galoper nous mettant plus encore en tension. Notre regard fouine chaque recoin de l'image à la recherche d'un élément perturbateur, d'un danger qui viendrait frapper les héros lorsqu'ils ont le dos tourné. Et brutalement la violence s'insinue. Alors qu'un membre du groupe trop lâche et trop effrayé s'est cloitré dans la réserve, les trois autres tombent sur le cadavre du surveillant qu'ils connaissaient bien. Dès lors tout s'enchaînent, ils débarquent dans le bureau du surveillant et sans que le fou ne leur donne de véritables raisons de paniqués, les voilà cédant à la violence totale et complète. Ils ignorent alors que le moment de tranquillité offert leur permettant d'appeler la police n'est que le calme avant la tempête. Le film bascule très rapidement dans la violence cruelle, implacable, menant la tension jusqu'au bout, transformant le film en survival.

La troisième partie du film n'est ni plus ni moins qu'un survival. Ayant été témoin d'un meurtre froid, les trois compères se retrouvent avec un blessé sur les bras, et doivent de toute urgence trouver un moyen de sortir d'ici pour survivre. Les choses sont clairement dites dans la scène de l'exécution, ils sont les prochains sur la liste. Il leur faut alors traverser l'asile avec les risques que cela représente, toutes les cellules sont ouvertes alors que les gardiens sont bloqués dans les parties différentes de l'asile. Et la tension, comme les scènes de violence dont sont à la fois témoins puis victimes les héros montent en grade au fur et à mesure. L'intelligence du film est de ne jamais perdre de vu le mental de ses personnages, captant chaque émotion, chaque hurlement intérieur, chaque barrière s'effondrant face à la violence gratuite et la folie éclatant sous leurs yeux. Tout s'inscrit, les pièces se mettent en place, chaque chose s'assemble pour nous préparer le final forcément explosif, simple, efficace et tellement évident sans pourtant être cliché. Là encore le film étonne, car oui, c'est cliché, des personnages fous aux actions, oui on s'y attend, mais c'est tellement bien fait, tellement brillant, tellement beau et terrible à la fois. Pourquoi chercher l'originalité à tout prix au risque de faire mal les choses alors que là sous nos yeux, l'évidence s'impose. Magnifique film, pas loin du chef d'oeuvre.

// ALERTE SPOILER // Il m'est très difficile de terminer cette critique sans évoquer la fin du film, aussi si vous ne l'avez pas lu ne lisez pas ces lignes. Après avoir débattu du sens de la fin du film, chose assez rare de nos jours, je dois dire que de ce que j'ai pu entendre, beaucoup se posaient des questions sur la fin qui pour ma part était évidente. Le leader des fous, personnage oh combien charismatique et effrayant, surtout dans la scène où il se dévore le doigt, n'est en réalité qu'un mirage ou plutôt un bouc émissaire que s'invente le héros, et il faut revenir dès le début pour réaliser à quel point son psychisme était fragile. Dans la répétition du "il est nouveau chez les dingues", éclairée par une amie infirmière, on y comprend dès lors qu'il n'avait jamais été réellement confronté aux patients avec qui il se retrouve soudainement enfermé, ces derniers n'auront de cesse de le tester, et son psychisme s'effondre à l'instant où il cède à la violence, ne supportant pas d'avoir agit ainsi, lui qui tentait de se montrer gentil et distant, il cherche alors une excuse, ce qui sera sa faiblesse fatale. Il sombre alors, et dans un final effrayant, on réalise que ce n'était pas juste une crise, un moment de faiblesse dû au choc, mais bel et bien l'antre de la folie, il est désormais enfermé avec eux, mais dans sa tête. Un premier galop d'essai pour le réalisateur qui démontre son talent jusqu'à cette fin en spirale. Le héros n'est jamais sorti de là-bas, non dans la réalité, mais dans son psychisme détruit. // FIN DU SPOILER //

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